Pairi Daiza accueille 5 orangs-outans
Un transfert stratégique au sein du réseau EEP (EAZA Ex-situ Programme)
Pairi Daiza et le Zoo de Francfort ont procédé à un échange exceptionnel : cinq orangs-outans de Francfort ont rejoint Pairi Daiza, tandis que trois femelles du "Meilleur zoo d'Europe" ont pris la route vers l’Allemagne.
Le 18 novembre, les équipes de Pairi Daiza ont accueilli le mâle Kembali (23 ans), les femelles Rosa (36 ans) et Indah (17 ans), ainsi que leurs deux jeunes : Bukit (4 ans) et Yori (7 ans).
La veille, conformément à une proposition d’échange venue du Zoo de Francfort sous la houlette de l’EEP (EAZA Ex-situ Programme, le programme d'élevage de l'Association européenne des zoos et aquariums), Sinta (31 ans), Molly (23 ans) et Jula (11 ans) avaient quitté Pairi Daiza pour former un nouveau groupe autour de Sayang, un mâle de 12 ans du Zoo de Francfort.
Cet échange a pour objectif de garantir la diversité génétique et le bien-être de cette espèce menacée. Au sein du réseau international EEP, la mobilité des individus est essentielle pour constituer des populations viables sous soins humains.
Pour assurer un transfert confortable, les équipes zoologiques, les vétérinaires des deux parcs et l’entreprise spécialisée dans le transport d’animaux ont travaillé en parfaite coordination.
Tous les animaux sont bien arrivés dans leur nouveau foyer. Ils resteront d’abord en intérieur afin de s’habituer progressivement à leur nouvel environnement.
" Dès leur installation, une belle harmonie s’est dégagée du groupe. J’ai été sincèrement ému de voir Yori taquiner les plaques faciales de Kembali, ce père d’une incroyable sérénité. Avec leur charme et leurs personnalités uniques, ces cinq nouveaux-venus toucheront sans doute le cœur de chacun. " — Niels Vandemeulebroucke, soigneur des orangs-outans
L’échange ne concerne pas uniquement les animaux : il est aussi le fruit d’une collaboration étroite entre les équipes des deux parcs animaliers pour garantir les meilleures conditions de vie à chaque orang-outan. Cette concertation est essentielle pour assurer leur bien-être, leur sécurité et la bonne constitution des groupes.
"ll y a quelques jours, un soigneur d’orang-outans et une responsable des primates de Pairi Daiza sont venus nous transmettre toutes les informations essentielles sur les trois nouvelles résidentes : leurs préférences, leurs habitudes, mais aussi pour apprendre à connaître nos propres animaux, dont ils assurent désormais les soins. Grâce à ces échanges, nous pouvons faciliter leur installation. C’est précisément la raison pour laquelle deux soigneurs de Francfort ont voyagé avec nos animaux jusqu’en Belgique." — Dr Sabrina Linn, responsable du département scientifique du Zoo de Francfort
"Il est toujours difficile de dire au revoir à “nos” orangs-outans, pour l’équipe du zoo comme pour nos ambassadeurs de la conservation, nos bénévoles et les nombreux visiteurs qui les ont vus grandir. Mais je suis profondément heureuse que le groupe de Kembali puisse rester uni. Les cinq évolueront dans un vaste habitat, à proximité d’une autre famille d’orangs-outans, et pourront vivre de nouvelles expériences enrichissantes. » — Dr Christina Geiger, directrice du Zoo de Francfort
Pairi Daiza héberge en effet désormais neuf orangs-outans. Kembali, Rosa, Indah, Bukit et Yori, qui seront visibles prochainement dans la Maison de l'Artisan, et Ujian, Sari, Berani et Mathaï qui habitent leTemple des Fleurs, juste en face.
La Maison de l’Artisan
Au cœur du Royaume de Ganesha, le monde de Pairi Daiza dédié aux beautés de l’Asie du Sud-Est, se dresse une authentique maison thaïlandaise à deux étages, intégralement construite en bois. Ses piliers, sauvés d’un ancien bâtiment détruit par un incendie, soutiennent aujourd’hui une structure entièrement restaurée et coiffée d’un toit au dessin délicat.
À l’étage, les visiteurs peuvent admirer une multitude de sculptures en bois représentant des animaux sacrés d’Asie, notamment des éléphants, que les nouveaux orangs-outans pourront eux-mêmes observer depuis leur espace extérieur.
Véritable joyau architectural, la Maison de l’Artisan se niche légèrement en retrait des sentiers. Ce havre de calme diffuse une atmosphère apaisante, propice à la contemplation.
Et, de loin, en apercevant l’un des nouveaux arrivants installé paisiblement au rez-de-chaussée, on pourra presque se demander : s’agit-il d’un orang-outan méditatif… ou d’un moine bouddhiste drapé de safran ?
Ambassadeurs de leur espèce
L'arrivée de Kembali, Rosa, Indah, Bukit et Yori à Pairi Daiza illustre la collaboration internationale essentielle à la sauvegarde des orangs-outans, dont les populations déclinent à Bornéo et Sumatra. Cette coopération ne s’exprime pas seulement dans les échanges zoologiques : elle se traduit aussi par des actions concrètes sur le terrain, là où les orang-outans sont le plus en danger.
La Pairi Daiza Foundation et la Frankfurt Zoological Society soutiennent toutes deux des programmes de conservation sur le terrain, notamment la prévention des incendies de tourbières et la protection des habitats naturels. La Pairi Daiza Foundation contribue, par exemple, à la prévention des incendies de forêt dans la forêt tropicale de Bornéo, où la déforestation et le braconnage constituent les plus grandes menaces pour les orangs-outans sauvages.
"L’orang-outan de Bornéo est l’une des trois espèces d’orangs-outans, endémique des écosystèmes forestiers de Bornéo. En raison de la déforestation et du braconnage, leur population a diminué de plus de 60 % au cours des 60 dernières années. Depuis 2019, la Pairi Daiza Foundation soutient des projets de terrain à Bornéo pour protéger cette espèce en danger critique. Depuis 2023, ce travail comprend un programme de prévention des incendies, mené en collaboration avec la Borneo Nature Foundation (BNF) dans le parc national de Sebangau, qui abrite la plus grande population protégée d’orangs-outans de Bornéo au monde (6.000 individus). Chaque année, cette forêt est de plus en plus menacée par des incendies de tourbières, principalement causés par d’anciens canaux de drainage creusés pour l’exploitation forestière, asséchant la tourbe et la rendant extrêmement inflammable. Pour réduire les risques et limiter les impacts, les efforts visent à bloquer ces canaux afin de réhumidifier la tourbe, tout en renforçant les capacités des équipes locales de patrouille pour réagir rapidement aux départs de feu." — Catherine Vancsok, directrice scientifique de la Pairi Daiza Foundation
Claire Gilissen