Première mondiale : un transfert d'embryon réussi chez le rhinocéros ouvre la voie à la sauvegarde du Rhinocéros blanc du Nord
La Fondation Pairi Daiza poursuit, depuis plusieurs années, ses efforts au profit de la sauvegarde du Rhinocéros blanc du Nord, une sous-espèce dont il ne reste plus que deux représentantes à l’échelle mondiale. Elle soutient BioRescue Project, un consortium de scientifiques qui cherchent à sauver l’espèce grâce à des techniques de fécondation in vitro.
Aujourd’hui, nous sommes heureux d’annoncer que la première gestation au monde d'un rhinocéros après un transfert d'embryon a réussi.
Le 24 septembre dernier, Catherine Vancsok, Directrice Scientifique de la Fondation Pairi Daiza et Alicia Quiévy, Cheffe vétérinaire de Pairi Daiza, étaient présentes au Kenya pour apporter leur soutien à une étape cruciale de la recherche.
Ce jour-là, à l'Ol Pejeta Conservancy (réserve naturelle au Kenya), les scientifiques de BioRescue ont implanté deux embryons à Curra, la Rhinocéros blanc du Sud sélectionnée comme mère porteuse.
Les ovocytes utilisés pour produire les embryons avaient été prélevés quelques mois plus tôt sur Ellie, l’une des Rhinocéros blancs du Sud vivant à Pairi Daiza. Les ovocytes d'Ellie avaient été fécondés in vitro dans les laboratoires d'Avantea à Crémone (Italie).
Grâce à la Fondation Pairi Daiza, les scientifiques de BioRescue Project collectent, depuis plusieurs années déjà, des ovocytes sur les Rhinocéros blancs du Sud de Pairi Daiza. Le but étant de pouvoir former un embryon de Rhinocéros blanc du Sud et de valider le protocole avant de l'éprouver avec le matériel génétique restant du Rhinocéros blanc du Nord.
Une technique de transfert parfaite, confirmée dans des circonstances dramatiques
Deux mois après le transfert, Curra a malheureusement été retrouvée morte dans la réserve naturelle, victime d'une bactérie mortelle du même groupe que celle causant le tétanos ou le botulisme. Ce sont les pluies extrêmement fortes qui ont provoqué une inondation de l'enclos de la mère porteuse et qui ont libéré des spores dormantes de cette bactérie du genre Clostridium.
L'autopsie de Curra a révélé une grave intoxication systémique mais elle a également dévoilé que Curra était porteuse d'un fœtus mâle âgé de 70 jours mesurant 6,4 cm de long.
En janvier 2024, l'analyse de l'ADN du fœtus a confirmé que la gestation résultait bien du transfert d'embryon effectué en septembre.
Thomas Hildebrandt, chef du projet BioRescue, Leibniz-IZW :
« La technique de transfert d'embryons est bien établie pour les humains et les animaux domestiques tels que les chevaux ou les vaches. Mais pour les rhinocéros, il s'agit d'un territoire totalement inconnu et tout, de l'approche aux protocoles de procédure en passant par l'équipement nécessaire, a dû être inventé, développé, testé et éprouvé pour être utilisé en toute sécurité. Avec l'équipe et de nombreux partenaires professionnels, j'ai mis au point les dispositifs qui permettent de trouver et d'accéder à l'endroit requis pour insérer le minuscule embryon dans un animal de deux tonnes. Il a fallu de nombreuses années pour y parvenir et nous sommes ravis d'avoir aujourd'hui la preuve que cette technique fonctionne parfaitement. Il est amer que cette étape soit confirmée dans des circonstances aussi tragiques, avec la mort de la mère porteuse Curra et de son petit à naître, mais je suis certain que cette validation du protocole est un tournant pour la survie du Rhinocéros blanc du Nord et la santé des écosystèmes d'Afrique centrale ».
Un bébé Rhinocéros blanc du Nord avant 2027 ?
La réussite du transfert d'embryon permet maintenant de passer en toute sécurité à la prochaine étape : le transfert d'embryons du Rhinocéros blanc du Nord. Un rêve qui pourrait devenir réalité d'ici deux à trois ans.
Depuis 2019, le programme scientifique de conservation BioRescue a produit et cryoconservé 29 embryons de Rhinocéros blancs du Nord. Ces embryons sont actuellement stockés dans de l'azote liquide à moins 196 degrés Celsius à Berlin, en Allemagne, et à Crémone, en Italie, en attendant d'être transférés dans des mères porteuses Rhinocéros blancs du Sud.
Catherine Vancsok, directrice scientifique de la Fondation Pairi Daiza :
« Aider directement le Rhinocéros blanc du Nord à survivre au Kenya montre le rôle crucial que jouent les institutions zoologiques dans la préservation des espèces. La Fondation Pairi Daiza mène plusieurs projets dans lesquels les moyens financiers, les efforts humains et la recherche scientifique coïncident pour aider à obtenir des résultats en matière de conservation. Les procédures de récolte des ovocytes d'Ellie, la femelle adulte Rhinocéros blanc du Sud résidant à Pairi Daiza, ont constitué une étape essentielle dans la chaîne de conservation. L'équipe de BioRescue, les vétérinaires de Pairi Daiza et les soigneurs du Parc ont veillé à ce que le bien-être de la femelle Rhinocéros blanc du Sud soit garanti à chaque instant. Ce revers in situ fait malheureusement partie d'un long chemin que toutes les équipes impliquées doivent parcourir pour obtenir des résultats révolutionnaires en matière de conservation. La Fondation Pairi Daiza a confiance dans la force de la coopération humaine et du processus scientifique pour remettre le Rhinocéros blanc du Nord sur pied ».
Claire Gilissen